Amistad Review

by Phil St-Germain (philgal AT videotron DOT ca)
July 10th, 1998

Amistad
Drame historique
***1/2 (sur ****) [très bon]
1997, 152 minutes

Réalisé par Steven Spielberg
Mettant en vedette Djimon Hounsou, Matthew McConaughey, Morgan Freeman, Anthony Hopkins, Nigel Hawthorne, Stellan Skarsgard, David Paymer, Pete Postlethwaite, Anna Paquin
Produit par Steven Spielberg, Debbie Allen et Colin Wilson
Écrit par David Franzoni

Avant 1993, Steven Spielberg était principalement reconnu comme un excellent réalisateur de films mêlant action et pur divertissement. Mais avec Schindler's List, il a enfin montré au grand jour sa grande polyvalence. Quatre ans plus tard, il nous revient avec Amistad, un autre film traitant de la situation précaire vécue par de pauvres gens. Plusieurs s'attendaient à un long métrage de la qualité de Schindler's List: une grave erreur, à mon avis. Une production comme cette dernière n'arrive bien souvent qu'une seule fois dans la carrière d'un cinéaste. Spielberg devait donc s'attendre à être jugé sévèrement pour Amistad. Il reste toutefois qu'il s'agit d'un film extrêmement solide lorsqu'analysé séparément, un film qui nous raconte une histoire fascinante et touchante.

Le film se déroule au cours du dix-neuvième siècle. En 1839, pendant une nuit orageuse, plus d'une cinquantaine de noirs emprisonnés dans un vaisseau Espagnol, La Amistad, tentent de s'enfuir. Menés par le massif et assuré Cinque (Djimon Hinsou), ils arrivent à vaincre plusieurs de leurs ennemis et prennent le contrôle du bateau. Ils décident de faire confiance aux deux survivants ennemis pour se guider puisqu'ils n'ont aucune idée de leur position. Ils se font toutefois avoir et aboutissent aux États-Unis quelque temps après. Sur les lieux, on les enferme en prison pour meutre. Afin de les défendre, on recherche un avocat ayant de bonnes chances de relever le défi. On jette notre dévolu sur Roger Baldwin (Matthew McConaughey), un jeune membre du barreau peu prestigieux qui tient à les sortir du pétrin. Il a des adversaires de taille, incluant le Président des États-Unis (Nigel Hawthorne) et d'autres hauts-dirigeants du pays. Il voudra absolument compter sur l'aide d'un ancien Président, John Quincy Adams (Anthony Hopkins), mais il lui sera difficile de le convaincre...

Plusieurs scènes s'illustrent par leur silence quasi-total. C'est une particularité du scénario que j'ai bien apprécié: c'est connu, une image vaut parfois mille mots. Prenez la première séquence d'Amistad, par exemple: on nous montre un noir (nous apprendrons plus tard qu'il s'agit de Cinque) se battre comme un lion afin de s'approprier un clou dans le sol, le tout dans la nuit, sous une pluie intense. Aucun mot n'est prononcé, mais notre attention est néanmoins aisément captée. Ce détail se reproduit plus tard dans le long métrage.

La description des personnages n'est pas exhaustive, mais tout à fait suffisante. Amistad est principalement à propos d'une situation non-équitable et des victimes subissant ce triste sort; il est donc normal que ce sont ces individus qui bénificient de plus de temps d'écran. Cinque est le personnage central, le protagoniste qui agit comme la bougie d'allumage du long métrage. L'avocat est important, tout comme l'ancien Président et ses alliés, mais leur impact est incomparable.

Djimon Hinsou... ce nom ne vous dit probablement rien. Vous l'avez peut-être aperçu lors de la soirée des Oscars alors qu'il a présenté un prix. Mais pour réellement être au courant de son talent, il vous faut jeter un coup d'oeil à son jeu dans Amistad. Droit comme un chêne, il fait face à tout avec une mine puissante et indestructible. Il parle, presque tout le temps, un langage qui nous est étranger, mais il arrive malgré tout à nous rejoindre, à nous émouvoir. Il domine tous les acteurs devant sa route, incluant le toujours solide Anthony Hopkins et la jeune vedette Matthew McConaughey (jouissant probablement de son meilleur rôle dans ce film). À lui seul, il constitue une raison additionnelle pour visionner cette production.

Je puis comprendre qu'un film de deux heures trente minutes s'avère un défi de taille pour les cinéphile moins patients. Faisant partie de ce groupe de personnes, j'aurais pu me plaindre de la lenteur d'Amistad vraiment facilement si le besoin s'était fait sentir. Mais le fait est que ce long métrage coule admirablement. La seule (et très courte) section au cours de laquelle j'ai perdu de l'intérêt fut durant une longue scène pendant le procès au cours de la dernière demi-heure. En faisant exception de ce minime passage, je fus envoûté par la reconstitution d'époque vivante qu'a fait défilé sous mes yeux un Steven Spielberg au sommet de sa forme. Contenant certaines scènes très prenantes, Amistad s'avère un film qui satisfait au niveau du pur divertissement autant qu'au niveau intellectuel.

Évaluation de Philippe St-Germain,
Copyright, 1998.

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