Antz Review
by Phil St-Germain (philgal AT videotron DOT ca)November 22nd, 1998
Antz
Animation
***1/2 (sur *****)
1998, 77 minutes
Réalisé par Eric Darnell et Tim Johnson
Avec les voix de Woody Allen, Sharon Stone, Gene Hackman, Sylvester Stallone, Anne Bancroft, Christopher Walken, Jennifer Lopez, Danny Glover et Dan Aykroyd
Écrit par Todd Alcott, Chris et Paul Weitz
Produit par Brad Lewis, Aron Warner et Patty Wooton
C'est connu, les studios de Disney sont les plus en vue en matière de divertissement pour enfants. Pendant fort longtemps, la compétition ne les effrayait guère, leurs opposants mettant sur
le marché des films qui ne pouvaient franchement espérer
soulever des comparaisons avec leurs propres produits. L'an dernier, de premiers doutes sont apparus, alors qu'Anastasia, de Fox, fut encore plus impressionnant que l'offrande de Disney, soit Hercules.
Or, l'année 1998 annonçait un autre duel, celui-là entre
Disney et les studios Dreamworks (qui appartiennent à Steven Spielberg). Le premier s'apprête à nous présenter son nouvel
opus, intitulé A Bug's Life, sortant en salles le 25 novembre, et
le second nous a offert Antz, qui a paru en septembre. Le fait que le thème des deux longs métrages soit très semblable (les deux
se déroulant dans le joyeux monde des insectes) rend l'affrontement encore plus intéressant. Le premier arrivant, Antz, est très bon (bénéficiant, entre autres, d'un rythme effrené et de
splendides moments cinématographiques); j'ai totalement confiance
de voir Disney, avec A Bug's Life, faire de même (et possiblement
le surpasser).
Il y a de ces films qui doivent être vus dans leur version originale, et Antz est un de ceux-là: plusieurs acteurs bien connus à Hollywood s'occupent des voix des personnages, et il vaut la
peine d'être témoin de leur bon travail. De plus, on retrouve énormément de caractéristiques de Woody Allen (qui campe le principal protagoniste, Z) dans ses dialogues, des allusions à ses films, à son propre comportement, détails que l'on perd
facilement avec une traduction. La première scène est un exemple explicite de cette affirmation, alors qu'un long plan nous amène
à la figure de Z, tournant en rond dans une petit pièce où il
se confie corps et âme à un psychologue. Il suit une thérapie puisqu'il évolue dans une colonie où l'on doit totalement
ignorer ses besoins pour plutôt se soumettre aux ordres de ses supérieurs - cette routine l'exaspère. Il se sent insignifiant, plutôt inutile, et sa vie lui pèse de plus en plus lourd sur les épaules. Un soir, alors qu'il est seul au bar (magnifiquement
créé), il danse avec la jolie princesse Bala (voix de Sharon
Stone), avec laquelle il tombe immédiatement en amour. Sachant fort bien qu'un ouvrier peut difficile être à la hauteur d'une
princesse, il désire trouver un moyen de la revoir; pour ce faire, il convainc son ami Weaver (Sylvester Stallone) de changer leurs fonctions: Z va aller dans l'armée en tant que Soldat, et le
robuste Weaver va s'occuper de continuer à creuser le tunnel. Tout ne va pas aussi bien qu'il ne l'avait espéré, cependant, alors
que l'horrible Général Mandible (Gene Hackman) envoie la colonie combattre des termites même s'il est au courant de
l'infériorité de ses fourmis. Résultat, tous meurent au
combat... sauf Z, qui a réussi à être épargné. On le
prend pour un héros de guerre et il soulève le goût
d'individualité des travailleurs (qui manifestent à son nom),
mais il n'est pas au bout de ses peines; il partira en amenant de force sa princesse adorée simplement pour devoir plus tard faire face à des conséquences qui pourraient être
inquiétantes...
L'humour que contient le scénario est un peu plus mature qu'à l'accoutumée pour les films de ce genre: d'ailleurs, il est
possible que plusieurs gags échappent entièrement aux plus
jeunes (un exemple: la fourmi de Allen, après l'ordre du
général de déclarer la guerre aux termites, propose plutôt
de déstabiliser leur organisation politique). Les remarques de Z sont continuellement bien fouillées, même si elles ne sont pas obscures au point de perdre les enfants, soit l'auditoire prioritaire visé par les producteurs. Les dialogues nous rappellent souvent
ceux que Woody Allen utilise dans ses films - je ne crois pas qu'il n'ait réellement co-écrit le récit de Antz, mais force est d'admettre que les scénaristes avaient Allen en tête en
créant ce personnage, qui lui va comme un gant. Il ne manque à Z
que quelques cheveux, un corps d'humain et des lunettes pour ressembler au cinéaste. On retrouve aussi la drôlerie dans les illustrations: le bar se doit d'être vu, tout comme les boissons disponibles (ce qui poussera Z à exprimer son insatisfaction:
«Je n'en peux plus de boire ce qui sort de l'arrière-train
d'autres bestioles...) et les adorables larves.
Si quelques aspects sont différents des autres films d'animation, d'autres rendent Antz un peu plus conventionnel, ce qui ne se veut pas nécessairement une grosse faiblesse. Nous retrouvons bien sûr l'histoire d'amour habituelle entre le héros mal-aimé et la
jolie dame qui fait rapidement battre le coeur de ce dernier, mais cette relation progresse avec une désinvolture amusante qui laisse de côté les tendances quelque peu mélodramatiques des studios
de Disney. La princesse Bala possède d'ailleurs un caractère puissant qui ne correspond pas aux «demoiselles en détresse» traditionnelles, et Antz ne s'en laisse pas non plus imposer par les remarques désobligeantes de sa bien-aimée.
L'aspect visuel d'Antz est superbe. L'animation par ordinateur est extrêmement bien faite, et les bas des visages des insectes ne sont pas si différents de ceux des humains: leurs mouvements sont
très fluides et tout bouge avec une aisance
exceptionnelle. Certains se sont plaints du certain manque de couleurs lors de plusieurs péripéties; il est vrai que l'équipe
Dreamworks garde ses paysages plutôt sombres, voire austères,
mais ceci est fréquemment approprié (surtout durant les passages prenant place dans la majestueuse fourmilière). Il y a fort à
parier que Disney, avec A Bug's Life, nous en mettra plein la vue en ce qui a trait à ces couleurs, mais Antz n'a pas à avoir honte
outre mesure.
Les scènes palpitantes sont nombreuses, dont, entre autres, un voyage excitant de Z qui, désirant sauver la princesse, fait tout
ce qu'il peut pour la tirer d'une gomme prise sous un espadrille. Les souliers sont évidemment beaucoup plus imposants que les minimes fourmis, et ceci donne lieu à une espèce de manège qui est renversant lorsque vu au grand écran (les effets sonores augmentent l'efficacité du moment).
Dreamworks a remporté une première victoire face à Disney, en
ce sens qu'elle a devancé les grands studios au chapitre de la parution (les précédant de quelques mois). Depuis, Antz a
raflé plus de cent millions de dollars au box-office américain
et a reçu de nombreuses critiques avantageuses. Est-ce que son succès viendra porter ombrage à l'effort des créateurs de
Mickey Mouse? C'est ce que nous verrons d'ici quelques jours, alors qu'A Bug's Life paraît cette semaine en salles.
Une évaluation de Philippe St-Germain,
Copyright, 1998.
Visitez Franchement cinéma, un site d'analyse cinématographique comprenant plus de 420 évaluations, des articles, et plus
encore... mise à jour continuelle.
http://www.geocities.com/SunsetStrip/Stage/3273/index.html
Originally posted in the rec.arts.movies.reviews newsgroup. Copyright belongs to original author unless otherwise stated. We take no responsibilities nor do we endorse the contents of this review.