The Ice Storm Review
by Phil St-Germain (philgal AT videotron DOT ca)July 10th, 1998
The Ice Storm
Drame
***1/2 (sur ****) [très bon]
1997, 112 minutes
Réalisé par Ang Lee
Mettant en vedette Kevin Kline, Joan Allen, Sigourney Weaver, Henry Czerny, Christina Ricci, Elijah Wood
Produit par James Schamus, Ted Hope et Ang Lee
Écrit par James Schamus (inspiré du roman de Rick Moody)
Les conditions climatiques autour desquelles gravite ce long métrage rappellera à bien des Québécois la fameuse tempête de verglas du dernier hiver! Ce magnifique drame d'Ang Lee, inspiré d'un roman populaire, a rapidement conquis la critique lors de sa sortie. C'est une production comme je les aime: un récit simple à la base qui fait croiser le chemin de divers personnages, à différentes étapes de leur existence. Dirigeant une équipe d'interprètes infiniment talentueuse, Lee nous dresse un portrait fascinant de gens pourtant bien ordinaires.
Le film se déroule dans le cadre de la célèbre affaire du Watergate avec Richard Nixon, pendant l'Action de grâce de 1973. La température est terrible, et tout est glacé. Kevin Kline incarne Benjamin, un père de famille qui semble tout avoir pour être heureux: il est marié à une jolie femme, Elena (Joan Allen), a deux enfants en santé, Paul et Wendy (Tobey McGuire et Christina Ricci), et n'a jamais manqué de travail. Mais il n'est pas totalement satisfait, et il entretient une liaison avec sa voisine, (Sigourney Weaver), une femme au caractère imprévisible. Il n'est pas le seul à vivre une existence spéciale: sa fille Wendy, plutôt précoce en ce qui a trait à la sexualité, se complait dans des petits jeux avec les enfants de la maîtresse de son père. Elena, pour sa part, ne trompe pas son mari au départ, demeurant dans son coin en broyant du noir. Le couple assistera à une soirée destinée à l'échangisme, et des problèmes encore plus graves se produiront fort probablement, rendant leur vie plus tumultueuse (si c'est possible).
Voici enfin un récit qui nous décrit une famille sans utiliser toutes les recettes et stéréotypes habituels. Des exemples? En voici deux: il n'y a pas de père violent, et ce n'est pas le jeune garçon qui est intrigué par la sexualité, mais bien la jeune fille. Les développements progressent intelligemment, et non de façon forcée ou convenue: ils suivent plutôt le cours normal des choses. The Ice Storm traite d'énormément de personnages, mais, heureusement, ils sont tous intéressants. Ce sont des humains, et non des extraterrestres: ils ne sont pas parfaits, et se fient parfois à leur instinct plutôt qu'à leur bon sens. Le scénariste effectue un excellent boulot pour approfondir toutes les relations entre les protagonistes: après tout, il était difficile d'adapter le roman et de garder une bonne partie des éléments intacts.
Le groupe de comédiens appuyant Ang Lee est diversifié et uniformément brillant. Kevin Kline, un des acteurs les plus polyvalents des dernières années, ajoute une touche sympathique à son personnage somme toute relativement pathétique. Son épouse dans le film, Joan Allen, est adéquate, son rôle ne lui permettant pas autant d'artifices. Sigourney Weaver, exploitant ici son côté plus sauvage et dominateur, bénificie d'une présence inquiétante. Christina Ricci est régulièrement considérée comme la meilleure jeune actrice présentement au cinéma, et sa performance dans The Ice Storm confirme cette croyance: Wendy est possiblement le personnage le plus compliqué du film entier, et elle relève habilement tous les défis que l'on lui pose. Les jeunes Elijah Wood et Tobey Maguire sont également convaincants et fort crédibles.
Le thème de "l'orage de glace" est au coeur de plusieurs scènes, et cette particularité donne du tonus à la qualité visuelle de The Ice Storm. Ang Lee utilise ces images pour initier quelques séquences, et changer drastiquement le destin d'un personnage (que je ne nommerai pas). Un constant sentiment de claustrophobie accompagne le spectateur lors du visionnement, et le rythme nous emporte sans jamais nous relâcher.
En lisant une autre critique de ce film, j'ai aperçu avec stupéfaction des comparaisons aux longs métrages The Magnificent Ambersons, d'Orson Welles, et Chinatown, de Roman Polanski. Je ne crois pas que cela soit entièrement justifié: The Magnificent Ambersons nous offrait, à mon avis, une histoire plus tragique et prenante que celle présentée dans The Ice Storm, alors que Chinatown nous tenait davantage sur le qui-vive. Mais il ne faut pas pour autant minimiser l'efficacité indéniable de cette réalisation d'Ang Lee, un cinéaste professionnel. Sans être un classique, il s'agit d'un excellent film qui nous fait réflechir, tout en étant divertissant.
Évaluation de Philippe St-Germain,
Copyright, 1998.
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