The Prince of Egypt Review
by Philippe St-Germain (philgal AT videotron DOT ca)December 23rd, 1998
The Prince Of Egypt
Dessins animés
***1/2 (sur *****)
1998, 99 minutes
Réalisé par Brenda Chapman, Steve Hickner et Simon Wells
Avec les voix de Val Kilmer, Ralph Fiennes, Sandra Bullock, Jeff Goldblum, Michelle Pfeiffer,
Danny Glover, Patrick Stewart, Helen Mirren, Steve Martin, Martin Short Produit par Penney Finkelman Cox et Sandra Rabins
Deux duels intéressants se sont joués en 1998 quant à l'excellence des films d'animation provenant de deux studios importants. D'une part, dans une confrontation qui aurait fort probablement satisfait le plus exigeant des entomologistes, Antz, de Dreamworks, fut mis sur le marché quelque temps avant A Bug's Life, de Disney. Le verdict? Deux aventures animées relativement semblables thématiquement (malgré plusieurs variations) valant
la peine d'être vues; deux triomphes visuels qui furent
également franchement divertissants. Il y a déjà quelques
mois, c'est Mulan, le nouveau film d'animation de Disney, qui voyait le jour; Dreamworks, (après Fox et Warner Bros., responsables respectivement du très bon Anastasia, et du médiocre Quest For Camelot) sont maintenant bien décidés à diminuer
l'omnipotence des créateurs de Mickey Mouse avec The Prince Of Egypt, un film ambitieux sur lequel ils ont travaillé pendant plusieurs années.
Le récit étant une adaptation des quatorze premiers chapitres de l'Exode, les studios Dreamworks ont fait appel à de nombreux théologiens pour s'assurer que le contenu soit suffisamment respecté... et pour également s'assurer de ne pas provoquer de révoltes le soir de la première. Le risque était grand, et
force est d'admettre que les artisans du film ont fort habilement relevé le défi. Le thème de chacun des longs métrages
d'animation récents étant si différent, il serait difficile
de se plier au jeu des comparaisons entre les concurrents; cela dit, The Prince Of Egypt nous persuade assez facilement de la qualité dont est capable de nous faire part Dreamworks, et c'est une production qui nous donne hâte à la prochaine.
Un bref résumé des développements de l'Exode pour ceux qui ne seraient pas familiers avec celle-ci: au tout début du film, une mère place doucement son bébé, Moïse, dans un panier,
certaine qu'elle ne peut plus lui assurer un avenir lumineux dans sa position actuelle. Voguant non sans fracas sur l'étendue d'eau, l'objet est enfin récupéré par la Reine (voix d'Helen
Mirren). Celle-ci l'élèvera comme s'il s'agissait de son véritable fils aux côtés de Ramsès, parent direct avec le puissant Pharaon (Patrick Stewart). Une vingtaine d'années plus tard, Moïse (Val Kilmer) et Ramsès (Ralph Fiennes) sont maintenant des hommes et ils demeurent également très près
l'un de l'autre; de plus, il semble évident qu'ils ne se sentent pas concernés par le triste sort que leur peuple réserve aux Hébreux, lâchement utilisés comme esclaves pour agrandir leur empire. Lorsque Moïses rencontre par hasard sa véritable soeur, Miriam (Sandra Bullock), qui lui fait part du cheminement qu'il doit suivre, on remarque chez lui un changement: il est plus touché par les tortures que l'on fait subir aux pauvres. Désirant sauver l'un de ceux-ci, il tue par mégarde un de ses hommes. Sachant qu'il est maintenant contesté - et étant de moins en moins à l'aise
avec ses pairs - il fuit son Égypte natale. Une suite d'événements le persuadera de sa mission, soit celle de
libérer son peuple au pays des êtres les exploitant. De retour chez lui, il rencontrera un Ramsès dont l'idéologie est
désormais à des milles de la sienne, ce qui rendra sa tâche
plus ardue.
Ceux qui croyaient qu'un traitement animé de l'histoire de l'Exode allait la ridiculiser (ou à tout le moins l'utiliser et modifier certains aspects au gré des producteurs) peuvent bien respirer: The Prince Of Egypt, malgré certaines libertés (souvent employées pour alléger quelque peu l'impact du récit), s'en tient à la
base et se veut loyal à l'endroit de sa source. Ce qui en
résulte est une fresque épatante de vie, qui transporte
cependant avec elle du début à la fin un coeur. Les développements ne sont pas superficiels, et lorsqu'un potentiel pour toucher l'auditoire se manifeste, le film en prend note et va au fond de celui-ci; les diverses découvertes et expériences de Moïse une fois adulte jumelées à la conclusion
spectaculairement renversante font probablement partie des moments les plus enlevants de la production. De plus, la relation existant entre Moïse et Ramsès est crédible et non sans intérêt; elle
soutient d'ailleurs notre intérêt durant chacune de leurs
rencontres.
L'intense travail des cinéastes pour mener The Prince Of Egypt à terme est perceptible dans le scénario, mais aussi (et surtout) dans l'extrême qualité visuelle. Les personnages sont
détaillés, les couleurs merveilleusement élaborées (le
jaune et l'or dominent, mais le nombre de textures est faramineux), et l'animation se veut tout à fait fluide. Son mouvement n'est possiblement pas aussi parfait que dans les plus remarquables productions de Disney, et sa beauté n'égale peut-être pas un chef-d'oeuvre tel Fantasia, mais Dreamworks a accompli un boulot sensationnel pour amener l'histoire de Moïses dans un monde
animé en gardant le tout réaliste, non caricatural et trop extravagant. Les passages les plus réussis trouvent autant leur place dans les segments plus calmes (le périple de Moïses dans
le désert; lorsque les eaux du fleuve se changent en sang) que dans les moments plus exaltés (un rêve extraordinairement illustré alors que les symboles dessinés sur les murs deviennent animés; les quinze dernières minutes). Visuellement, ce film s'oublie très difficilement.
Y a-t-il des défauts à identifier chez The Prince Of Egypt? Quelques uns; ceux-ci ne rendent pas le film ordinaire, mais ils l'empêchent plutôt de régner sur tous les autres en
matière de puissance et d'impact. Le récit étant très
sérieux, il est décevant de voir Dreamworks adopter la tendance habituelle des longs métrages du genre en prenant soin d'inclure des numéros musicaux à chaque dix minutes, environ. Quelques
unes des pièces sont excellentes: encore une fois, les deux extrêmes sont les plus mémorables (le départ est percutant,
tout comme la conclusion). On pourrait penser que Dreamworks a voulu améliorer ses chances de plaire à un public plus jeune en ne les dépaysant pas totalement avec cette première offrande;
peut-être que leur prochain film délaissera les recettes pour tenter à sa propre façon de révolutionner le genre. C'est
à voir.
Qu'on se le tienne pour dit: si Dreamworks peaufine quelque peu ses prochaines productions dans le futur, nous sommes en droit de nous attendre à une qualité exceptionnelle, à des films qui
pourrait arriver à pousser les limites du genre encore plus
loin. Malgré de minimes aspects qui auraient pu être
supérieurs, The Prince Of Egypt est une aventure animée de
très haut calibre, un exemple évident qu'il est possible de mettre sur le marché des longs métrages intelligents et
amplement satisfaisants au niveau du plaisir brut. À l'approche de Noël, voilà un film qui réjouiera les plus jeunes... comme
les plus vieux.
Une évaluation de Philippe St-Germain,
Copyright, 1998.
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http://www.geocities.com/SunsetStrip/Stage/3273/index.html
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