The Devil's Advocate Review

by Phil St-Germain (philgal AT videotron DOT ca)
March 3rd, 1998

The Devil's Advocate
Drame fantastique
**1/2 (sur ****) [moyen]
1997, 144 minutes

Réalisé par Taylor Hackford
Mettant en vedette Al Pacino, Keanu Reeves, Charlize Theron, Judith Ivey, Craig T. Nelson, Jeffrey Jones
Écrit par Jonathan Lemkin et Tony Gilroy, inspiré du roman de Andrew Niederman
Produit par Arnon Milchan, Arnold Kopelson, et Anne Kopelson

À première vue, il s'agit du film idéal pour apprécier Al Pacino à sa juste valeur: après tout, il est à son mieux en incarnant des personnages sortant de l'ordinaire. Son rôle dans cette production est en effet très outrancier et caricatural, mais il n'arrive pas aisément à véritablement rehausser la qualité de l'ensemble. "The Devil's Advocate" m'a donc quelque peu déçu, malgré certains passages brillants.

L'histoire volontairement tarabiscotée est centrée autour de Kevin Lomax (Keanu Reeves), jeune avocat bâtissant lentement mais sûrement une réputation extraordinaire: il n'a pas encore perdu une seule cause. Il est heureusement marié avec Mary Ann (Charlize Theron) et la vie semble lui sourire
à belles dents. Après avoir réussi à faire acquitter un enseignant accusé d'harcelement sexuel, Lomax se fait approcher par les portes-paroles d'une grande chaîne d'avocats: ils lui proposent une offre d'emploi qu'il ne peut refuser. S'envolant à New York, peu après, il rencontre son nouveau patron, John Milton (Al Pacino). Ce petit homme semble jovial et rempli d'énergie. Lomax trouve beaucoup de satisfaction dans son travail, au départ, se sentant désiré et apprécié, mais sa vie de couple en souffrera grandement. En effet, Mary Ann vit des moments particulièrement difficiles, empreintes de visions démoniaques et inquiétantes. Le travail du jeune avocat prendra peu à peu toute la place, et l'influence de Milton sur son existance pourrait peut-être avoir des conséquences néfastes... Lomax sera témoin des habitudes de vie plutôt mouvementées de Milton et sera lui aussi victime d'hallucinations effrayantes, où l'illusion défie la réalité. Et qui sait quel personnage se cache derrnière cet homme au regard de feu?

Bizarrement, plus ce film progressait, plus j'établissais des parallèles avec une autre production récente, "The Game" mettant en vedette Michael Douglas et Sean Penn. Les deux films ont leurs admirateurs, mais également leurs détracteurs. Ces derniers semblent avoir de la difficulté à avaler l'intrigue de chacun. Je suis dans cette catégorie: "The Devil's Advocate", tout comme le film avec Douglas, a ses moments de brillance et de pur divertissement. Mais le développement du récit nous amène un nombre faramineux d'incidents défiant toute logique, toute cohérence, de sorte que nous sommes totalement perdus. Le scénario de ce thriller fantastique est difficile à cerner puisque nous ne savons jamais où il se dirige. Remarquez que parfois ce détail joue à l'avantage du film: nous sommes sur le bout de notre siège, ne sachant pas à quoi nous attendre. Mais il y a tout de même une limite à manipuler son auditoire, et les deux productions la dépassent.
"The Devil's Advocate" contient toutefois plusieurs détails intriguants. Prenez par exemple les courtes scènes où le réalisateur Taylor Hackford nous montre l'évolution du temps à l'aide d'un montage rapide nous montrant la ville passant du jour à la nuit, et ainsi de suite, plutôt que de nous lancer un "2 jours plus tard" à l'écran. Où alors les très solides effets spéciaux sur les mur de la grande pièce lors de la conclusion. De plus, Al Pacino est en grande forme. Ayant enfin la chance de jouer le diable en personne (vous ai-je révélé une surprise du scénario?), il se la coule douce et donne tout ce qu'il peut, sans retenue. Il passe peu de temps à l'écran lors de la première portion du film, mais lors de la deuxième on peut le voir à profusion et il arrive à livrer la marchandise. Le jeu de Keanu Reeves, en comparaison, est plus fade, mais il donne une intéressante opposition à Pacino. Leurs styles totalement différents se complètent à quelques reprises, nous offrant des résultats surprenants.

Un des défauts les plus importants du film se veut la faiblesse du scénario lors de la dernière moitié. La production s'amorce intelligemment alors que nous faisons connaissance avec les personnages peuplant le petit monde de "The Devil's Advocate", mais malhreusement le tout se désintègre dans un film d'horreur très moyen pour s'acheminer vers une conclusion cousue de fil blanc. La façon avec laquelle les scénaristes font avancer leur intrigue est vraiment décevente. Le réalisateur Taylor Hackford ne les aide toutefois pas en filmant les séquences supposément épeurantes de manière poussive. Les maquillages lors de ces passages sont très bons, mais l'effet d'effroi est mal maîtrisé et la plupart du temps innefficace. On sent que les cinéastes nous ont laissé tomber, et cette sensation laisse un goût amer à notre bouche.

Je n'ai tout de même pas détesté ce drame fantastique (si on se permet de lui donner cette appellation). J'ai tout simplement été déçu de la paresse des écrivains. Si le scénario avait été révisé, je crois que le résultat final aurait été beaucoup plus intéressant. Il s'agit donc d'un film acceptable qui aurait pu être bien supérieur.

Évaluation de Philippe St-Germain,
Copyright, 1998.

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