Live Flesh Review

by Philippe St-Germain (philgal AT videotron DOT ca)
November 30th, 1998

Live Flesh
Drame
*** (sur *****)
1997, 100 minutes

Réalisé par Pedro Almodovar
Mettant en vedette Liberto Rabal, Francesca Neri, Javier Bardem, Angela Molina, Jose Sancho, Penelope Cruz
Écrit par Pedro Almodovar, Jorge Guerricaechevarria et Ray Loriga (inspirés par le roman de Ruth Rendell)
Produit par Agustín Almodovar

Le qualificatif que l'on attribue à Pedro Almodovar en dit long sur la nature générale de ses films: «le mauvais garçon du
cinéma espagnol». Pourtant, le visionnement de Live Flesh ne pourrait arriver à lui seul à nous convaincre de cela, en ce
sens que la signature du réalisateur est souvent à peine
évidente: sa maturité chèrement acquise ne fait pas de doute
alors qu'il réduit quelque peu ses tendances à verser dans l'outrance au niveau du style et des effets visuels. Le résultat final n'est pas pour autant supérieur à ses précédentes réalisations, mais seulement un peu plus sobre et retenu. Le fait qu'il s'agisse de sa première adaptation au grand écran n'est probablement pas non plus étranger à cette espèce de
métamorphose.

La scène initiale de Live Flesh est si étrange et disjonctée qu'elle m'a pratiquement exaspéré: nous suivons le périple
d'une jeune femme sur le point d'accoucher. Ne pouvant se rendre à l'hôpital à temps, elle se doit de faire sortir le bébé
dans l'autobus, avec l'aide de deux individus. Puis, on avance de vingt ans, étant désormais sur les traces d'un jeune homme
nommé Victor (Liberto Rabal). Il s'agit évidemment du bébé
que nous avons vu naître il y a quelques secondes. Victor désire reprendre contact avec Elena (Francesca Neri), une femme qu'il a rencontrée une semaine auparavant. Le tout tourne très mal, cependant, alors que des policiers arrivent sur les lieux après qu'un coup de feu ait été tiré sans le vouloir. Les deux
officiers aboutissant chez Elena, David (Javier Bardem) et Sancho (Jose Sancho), sont deux amis qui éprouvent certains problèmes depuis un certain temps: Sancho, qui boit énormément, est
certain que sa femme Clara (Angela Molina) fréquente un autre homme, et David semble pour lui être le coupable. Un affrontement s'en suit, et c'est ce même David qui reçoit la balle dans la jambe. Six ans plus tard, nous nous apercevront que le policier s'est retiré et qu'il est maintenant une vedette au sein de l'équipe olympique de basketball en fauteuil roulant. Victor, pour sa part, sort enfin de prison. Tous ces personnages en viendront à se croiser éventuellement, ce qui pourrait signifier des
conséquences plutôt inquiétantes.

Le scénario de Live Flesh mise beaucoup sur le nombre de surprises qu'il désire faire vivre au public, et la plupart du temps le récit bien ficelé vient remplir son mandat avec suffisamment d'assurance. Les développements, souvent extrêmement
mouvementés, progressent avec une aisance fort considérable, et
le rythme très solide ne nous laisse nullement de répit. Qui
plus est, les cinq personnages principaux (ce sont, en fait, les cinq seuls que nous suivons véritablement) sont étonnamment bien décrits sans tomber dans la surexposition: la structure de l'intrigue s'en tient aux détails les plus pertinents et n'a que faire des miettes inégalement vitales au succès du récit.

Je trouve cependant un peu moins reluisante la suite légèrement douteuse d'une coïncidence après une autre. Sur papier, tout
cela a dû sembler merveilleusement palpitant, alors que chaque personnage arrive éventuellement à rencontrer ceux qui, il y a
six ans, ont changé leur existence à jamais. Sur l'écran,
c'est plus discutable: leurs chemins sont un peu trop hasardeux pour que l'on puisse aveuglément se déclarer «touchés» par
les péripéties. Une telle caractéristique ne vient donc pas diminuer le plaisir de visionner Live Flesh, mais elle distancie malheureusement les cinéphiles du matériel qui avait un
potentiel encore plus important.

Les acteurs font toutefois tout ce qu'ils peuvent pour masquer cette petite faiblesse, et ils arrivent presque à nous la faire oublier, étant tous fort solides. Les noms de ces comédiens m'étaient inconnus avant mon visionnement de Live Flesh, mais ma mémoire ne devrait plus me jouer de vilains tours à présent: j'ai
apprécié encore davantage l'interprétation des deux dames,
soit Angela Molina dans le rôle d'une femme déchirée à
souhait entre son amour pour le jeune Victor et sa haine pour son violent et imprévisible mari, ainsi que Francesca Neri dans la peau d'Elena (qui campe habilement un personnage extrêmement complexe).
En résumé, même si le travail de Pedro Almodovar derrière
la caméra dans Live Flesh se veut moins caricatural et obsessif, le résultat plaît à nouveau encore plus au niveau de la forme
que du fond, et ce même si le scénario demeure écrit avec structure et sens du rythme. Quelques petites faiblesses, une fois évitées, auraient permi à Live Flesh de mériter une demi
étoile de plus et de figurer dans ma liste de finalistes pour mes dix films favoris de 1998. Plein de points positifs, tout de même.
Une évaluation de Philippe St-Germain,
Copyright, 1998.

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